J’ai trompĂ© tous mes mecs 💘

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Ce texte est la version Ă©crite de l’épisode 43 de mon podcast Sologamie, qui est diffusĂ© sur toutes les plateformes d’écoute : https://shows.acast.com/sologamie

Je n’ai jamais Ă©tĂ© fidĂšle. Au sens monogame. Au sens exclusif. Dans notre sociĂ©tĂ© occidentale, capitaliste et patriarcale, les femmes appartiennent encore *symboliquement* aux hommes. Nous sommes leur propriĂ©tĂ©. Par le mariage, les hommes nous acquiĂšrent et nous possĂšdent Ă  vie. Nous leur devons obĂ©issance, sexualitĂ©, fidĂ©litĂ© et progĂ©niture. Cette conception violente et puritaine du mariage s’applique aussi Ă  la pĂ©riode prĂ©-mariage, que nous appelons “couple” et ce, dĂšs le plus jeune Ăąge.

[Attention : cette conception est la mienne. Elle est subjective, nourrie par la pensĂ©e fĂ©ministe. Cf. le commentaire sous l’article]

Quand je me suis mis en couple Ă  l’ñge de 16 ans avec mon premier “vrai” copain, je savais, sans avoir besoin d’en discuter avec lui, que nous nous devions fidĂ©litĂ©, que je ne pouvais sĂ©duire ni embrasser personne d’autre. En tous cas, aucun autre homme. Mon premier copain Ă©tait un fervent catholique. Il refusait de pratiquer la pĂ©nĂ©tration avant le mariage. Si vous avez lu l’épisode 41, vous savez qu’il n’a pas “tenu” jusqu’au mariage. Nous avons “couchĂ©â€ ensemble Ă  l’ñge de 18 ans. Concernant la tromperie, j’ai embrassĂ© un autre garçon de notre lycĂ©e pendant l’étĂ© aprĂšs notre bac. Ce mec voulait que je quitte mon copain, ce qui Ă©tait hors de question parce que j’aimais mon copain. J’ai embrassĂ© ce mec juste pour le FUN, parce qu’il me kiffait et que je trouvais ça drĂŽle, excitant, de flirter avec lui. Mais c’était un tocard. Quand j’ai montrĂ© mes seins au DJ en boĂźte de nuit, il m’a engueulĂ©e (je raconte cette histoire dans l’épisode “Je suis une salope (presque) Ă©thique”). Quand j’ai refusĂ© qu’il me doigte, il m’a fait la gueule et m’a ghostĂ©e. Je n’ai rien racontĂ© Ă  mon copain. J’ai vĂ©cu cette petite histoire en secret. Elle n’a pas modifiĂ© l’amour que je lui portais. Je ne me sentais pas coupable d’avoir embrassĂ© un autre homme.

Des mois plus tard, mon copain est venu me voir dans mon appartement lillois (il habitait Ă  Paris). Pendant que j’étais en cours, il a lu en douce mon journal intime. Il a dĂ©couvert que j’avais embrassĂ© l’autre garçon. Il m’a fait une scĂšne. Il Ă©tait trĂšs triste, déçu, traumatisĂ©. J’ai mis du temps Ă  regagner sa confiance. Peut-ĂȘtre que je l’ai jamais regagnĂ©e ? Moi aussi, j’étais en colĂšre contre lui. Je ne me suis senti trahie aprĂšs qu’il a lu mon journal intime.

Avec mon deuxiĂšme copain, ce fut la mĂȘme histoire. J’ai couchĂ© avec un autre homme, non, deux hommes, quelques mois aprĂšs le dĂ©but de notre relation. Je n’ai ressenti aucune culpabilitĂ©. Je ne lui ai jamais dit. Je crois qu’il ne l’a jamais su. Je n’ai jamais revu ces hommes (ce n’était pas un plan Ă  trois, hein, j’ai couchĂ© avec eux Ă  deux moments diffĂ©rents).

Avec mon troisiĂšme et dernier copain, ce fut la mĂȘme histoire. J’ai couchĂ© avec un autre homme quelques mois aprĂšs le dĂ©but de notre relation. Je l’ai rencontrĂ© en boĂźte de nuit Ă  Lille, aprĂšs ma remise de diplĂŽme de journaliste en 2017. Il m’a refilĂ© sa mononuclĂ©ose et j’ai passĂ© NoĂ«l Ă  l’hĂŽpital. Je raconte cette histoire merdique dans l’épisode “Je chope la mononuclĂ©ose en boĂźte de nuit” de mon autre podcast Marie Sans Filtre. Je ne l’ai jamais dit Ă  mon copain de l’époque. Cette histoire n’a rien changĂ© Ă  l’amour que je lui portais, non plus. 

Quelques mois plus tard, j’ai proposĂ© Ă  mon copain que nous passions d’une relation “exclusive” Ă  une relation “libre”. Je savais qu’il l’avait dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ©e avec son ex. Il m’a dit oui. Les derniers mois de notre relation, nous Ă©tions donc “libres” de coucher ailleurs, Ă  condition de ne rien raconter Ă  l’autre. Je ne ressentais pas de jalousie Ă  cette idĂ©e. Mais s’il m’avait racontĂ© ce qu’il faisait avec d’autres meufs, peut-ĂȘtre que j’aurais Ă©tĂ© jalouse ? Je le suppose. Ce n’est jamais arrivĂ©. Je pense qu’il n’a rien fait. Mais je n’en sais rien. De mon cĂŽtĂ©, je n’ai pas profitĂ© de cette nouvelle “libertĂ©â€. Je n’ai couchĂ© avec personne. Aucune occasion ne s’est prĂ©sentĂ©e Ă  ce moment. Puis j’ai quittĂ© mon copain, car je ne l’aimais plus, et je suis devenue cĂ©libataire. Cela fait maintenant presque six ans. 

DĂ©but 2019, je suis partie faire le tour du globe sur un bateau cargo, expĂ©rience que je raconte dans l’épisode “Je fais le tour du globe sur un cargo” de mon podcast Marie Sans Filtre et dans mon livre La Puissance, paru en dĂ©cembre 2022. Pendant ce voyage, j’ai lu sur ma liseuse le livre La salope Ă©thique Ă©crit par les AmĂ©ricaines Dossie Easton et Janet W. Hardy (il a depuis Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© sous le titre L’éthique des amours plurielles). D’oĂč le titre de l’épisode de Marie Sans Filtre “Je suis une salope (presque) Ă©thique”. Le “presque”, c’est parce que ce n’était pas Ă©thique, de tromper mes copains. Ils n’étaient pas d’accord. Ils n’ont jamais donnĂ© leur consentement. Je ne vous encourage aucunement Ă  tromper vos partenaires. Le mot â€œĂ©thique” m’a apportĂ© un soulagement et une libertĂ© inouĂŻe. J’ai appris les bases d’une relation “libre” et des relations polyamoureuses respectueuses. Je vous conseille de lire L’éthique des amours plurielles si vous vous posez des questions, vous aussi.

Aujourd’hui, je me dĂ©finis comme pansexuelle et polyamoureuse. Je vous explique leur dĂ©finition dans l’épisode 45 de mon podcast Marie Sans Filtre justement intitulĂ© “Je suis pansexuelle et polyamoureuse”.

Je n’envisage plus de relations monogames/exclusives. Ce n’est pas fait pour moi. Je veux pouvoir coucher et aimer d’autres personnes que mon partenaire “principal”. Les personnes polyamoureuses dĂ©construisent mĂȘme l’existence de ce partenaire “principal”. Sur le mĂȘme modĂšle que les relations amicales, je peux aimer et relationner avec plusieurs personnes sans hiĂ©rarchiser ces relations, en placer une au dessus de l’autre. Je n’appartiens Ă  personne et personne ne m’appartient. Donner de l’amour ou du sexe Ă  une personne ne m’empĂȘche pas d’en donner Ă  une autre personne.

Aujourd’hui, je suis cĂ©libataire. Je n’ai relationnĂ© avec personne depuis quatre mois. Je me trouve bien loin du polyamour. Je regrette d’avoir trompĂ© mes copains car c’était leur manquer de respect. Ma grand-mĂšre maternelle a Ă©tĂ© trompĂ©e par son mari pendant des dĂ©cennies et c’est ce qui l’a fait le plus souffrir dans sa vie. Tromper quelqu’un, c’est tromper sa confiance, c’est se moquer de cette personne, c’est lui mentir : bref, c’est lui faire violence.

Aujourd’hui, je veux nouer des relations saines et respectueuses : Ă©thiques. Des relations polyamoureuses qui n’enferment personne. Pour l’instant, je ne vis rien de tout cela et c’est OK. Je tenais Ă  vous raconter mon passĂ© de tromperie dans cet Ă©pisode pour que vous compreniez mon refus de l’exclusivitĂ© et mon positionnement actuel.

VoilĂ , je vous laisse sur ces bonnes paroles. Et je vous dis Ă  la semaine prochaine pour un nouvel Ă©pisode de Sologamie.

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Marie Albert

AventuriĂšre, journaliste et autrice

19 mars 2024

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Marie Albert

AventuriÚre, journaliste et autrice féministe

2 rĂ©flexions sur « J’ai trompĂ© tous mes mecs 💘 »

  1. « Dans notre société occidentale, capitaliste et patriarcale, les femmes appartiennent aux hommes. Nous sommes leur propriété. Par le mariage, les hommes nous acquiÚrent et nous possÚdent à vie. Nous leur devons obéissance, sexualité, fidélité et progéniture. »

    Faux. Dans certaines mentalitĂ©s occidentales, la femme appartient Ă  l’homme.
    Dans notre sociĂ©tĂ©, les deux Ă©poux se doivent mutuellement respect, fidĂ©litĂ©, secours et assistance. C’est l’article 212 du code civil. Cela veut dire que peu importe si c’est l’homme ou la femme qui manque Ă  ses devoirs, il/elle est en tort.

  2. Bonjour Dodo,

    En effet, vous avez raison. Je fais personnellement rĂ©fĂ©rence aux thĂ©ories fĂ©ministes et au patriarcat encore bien prĂ©sent. J’ai corrigĂ© l’article et ajoutĂ© le mot « symboliquement ».

    Bonne journée, Marie

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