Tu fais quoi ? Moi, je travaille toute seule, chez moi

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Tu te demandes ce que je fais de ma vie ? L’hiver, je travaille de chez moi, seule à mon bureau. 

Je vends des piges à des magazines, j’écris mes romans, j’enregistre mes podcasts et j’écris des posts Instagram. Mon travail est peu rémunéré. 

Dans cet épisode de mon podcast Marie Sans Filtre, je raconte mon quotidien de freelance, et surtout, les raisons de mon choix. Tu peux lire la version écrite de l’épisode, ci-dessous.

Mon podcast Marie Sans Filtre est diffusé sur toutes les plateformes d’écoute, ou à cette adresse : anchor.fm/mariesansfiltre

  • Comment en suis-je arrivée là ? J’ai quitté l’Agence France France en décembre 2018, après 2 ans passés au bureau, avec mes collègues et mes chef·fes (et 20 ans passés à l’école, avec mes camarades et mes profs). J’ai été harcelée sexuellement au travail, alors j’ai décidé de fuir pour me protéger. J’ai quitté l’AFP pour partir sur un cargo, faire le tour du globe
  • J’ai pris la décision risquée de me lancer dans la pige, la vie de journaliste indépendante, à mon retour du tour du globe en cargo en mai 2019. J’ai touché les allocations chômage pendant deux ans, c’était facile de consacrer ces années à des projets personnels et au difficile métier de journaliste pigiste.
  • J’ai commencé à travailler à Paris, d’abord dans mon studio exigu de 15m² mais c’était pénible alors j’ai rejoint un espace de co-working, et un bureau partagé avec deux autres journalistes pigistes, en octobre 2019. Leur présence m’a encouragée face au syndrome d’imposture, et je me suis fixée des horaires de travail plus ou moins respectées. J’ai vendu des articles à la pige, à plusieurs médias. J’ai terminé mon premier roman, La Puissance. J’ai lancé mon podcast Marie Sans Filtre, en novembre 2019. 
  • Le premier confinement de mars 2020 m’a fait déménager chez mes parents en banlieue parisienne. J’ai refusé de rester plusieurs mois dans mon minuscule studio, j’ai préféré la grande maison de famille, avec piscine et tout et tout. J’y ai retrouvé mon frère, puis ma sœur, elleux aussi confiné·es. J’ai décidé de rendre mon studio à sa propriétaire, pendant ce premier confinement. Je vivais officiellement chez mes parents, jusqu’à l’été. Ce début de crise a mis ma santé mentale à rude épreuve, j’ai d’ailleurs sorti l’épisode “Je fais une dépression” de ce podcast Marie Sans Filtre en avril 2020. Il était quasiment impossible de vendre des piges aux médias à cette époque, tous étaient obsédés par le coronavirus et harcelés par des journalistes pigistes en détresse comme moi. Car tous mes projets – romans, enquêtes en cours, voyages – ont été remis en question par la crise. J’ai tout mis en pause. Il m’ a fallu quelques semaines pour m’adapter à la situation, au télétravail chez mes parents… J’ai décidé de préparer mon Survivor Tour dès avril, malgré les conditions. Ce projet m’a portée jusqu’à l’été. J’étais re-motivée. J’ai vu 2 de mes piges publiées dans 2 magazines – We Demain et GEO – à cette époque-là. Les affaires ont repris ! Nous sommes sorti·es du premier confinement.
  • J’ai créé une cagnotte Tipeee pour permettre à vous, les personnes qui m’écoutent et me suivent, de contribuer et rémunérer mon travail. Vous avez donné des centaines d’euros pour préparer mon Survivor Tour, à ce moment-là et cela m’a boostée. J’ai aussi touché des milliers d’euros de droits d’autrice pour mes articles publiés dans la presse depuis 2013, à ce moment-là, et ça m’a remonté le moral.
  • Je suis partie faire le tour de France à pied, mon cher Survivor Tour, en juillet 2020. Je considère ce projet comme du travail aussi, mais je ne vais pas revenir dessus aujourd’hui, c’est pas le sujet.
  • En octobre 2020, je suis partie vivre à Alençon, en Normandie, avec ma sœur, qui fait un service civique dans une association locale, pendant 1 an. Je ne voulais plus vivre seule, ni avec mes parents, donc j’ai tenté la colocation avec ma sœur. Ça se passe tellement bien, pour l’instant. On vit ensemble depuis 5 mois et c’est le bonheur. La journée, je travaille à mon bureau que j’ai installé dans le salon de notre grand appartement situé dans le centre d’Alençon, juste face au château. On ne paie que 600 euros de loyer, moins les allocations logement versées par la CAF… Je ne retournerai plus jamais vivre à Paris, si possible. Je travaille dans le salon car je ne supporte pas de travailler dans ma chambre ou pire, dans mon lit. Ça me déprime. Là, j’écris l’épisode du jour de Marie Sans Filtre à mon bureau, dans le salon, et c’est agréable. Je continue de vendre quelques piges à droite, à gauche, dans des magazines. J’ai lancé mon deuxième podcast, Sologamie, l’émission des célibataires qui n’ont besoin de personne, en novembre 2020. J’ai trouvé une agente littéraire pour m’accompagner dans l’édition de mon premier roman, La Puissance
  • Et surtout, j’ai lancé un collectif virtuel de journalistes pigistes féministes, qui s’appelle Collectif W. On se retrouve sur la plateforme Slack, tous les jours, pour se soutenir et s’aider, entre journalistes pigistes. On est plus de 70 dessus, et je me sens tellement apaisée et heureuse de les savoir là, même virtuellement. Le collectif me sauve de la solitude du télétravail et de la pige, je sais c’est évident, mais c’est très important pour moi, qui suis solitaire et introvertie, le plus souvent. J’espère rencontrer les personnes du collectif, off line, bientôt, mais pour l’instant je me réjouis de les connaître virtuellement. Je me sens bien dans mon travail, dans ma routine, dans mon appart, dans ma vie. 
  • Mes allocations chômage s’interrompront bientôt, je ne sais pas quand car Pôle Emploi les prolonge tous les mois en attendant la fin de la crise. Je vais me retrouver au RSA mais je n’ai pas peur. Comme je te l’expliquais dans l’épisode de Marie Sans Filtre “Je suis une pauvre riche”, j’ai beaucoup beaucoup d’économies sur mon compte bancaire, et des parents très très soutenants, financièrement. Je me sens ultra privilégiée, dans ma précarité. 
  • Je ne vois plus aucune psy depuis 1 an, mais je me sens bien, équilibrée. L’hiver, j’écris et je produis tous mes contenus : podcasts, blogs, réseaux sociaux, piges, romans… Je gagne un peu d’argent et je compte sur le collectif pour tenir, psychologiquement, face au système capitaliste qui nous écrase, littéralement. L’été, je poursuis mon Survivor Tour, ce tour de France à pied contre les violences sexistes. Je le reprendrai le 1er juin 2021, si tout va bien. Je dois repartir de Lannion, en Bretagne, et j’aimerais bien marcher jusqu’à la frontière espagnole, jusqu’aux  Pyrénées, cette année. Je me sens très ambitieuse.
  • Je n’ai plus peur de l’avenir, pour toutes les raisons citées plus haut. Je fais 20 minutes de méditation tous les matins. Je me lève à l’heure souhaitée, 11h en général, tous les jours. Je déjeune et je travaille 5-6 heures dans l’après-midi. Je peux prendre des rendez-vous médicaux en pleine journée, faire les courses quand je veux. J’espère “gagner ma vie” correctement à un moment, quand mes piges seront mieux rémunérées par les rédactions, quand je publierai mes romans, ou quand plus d’une centaine de personnes participeront à ma cagnotte Tipeee. Je ne perds pas espoir !
  • Le seul élément qui me fait douter, c’est la violence des réseaux sociaux, en ce moment…
Photo tous droits réservés © Marie Albert

Et toi, comment définis-tu ton travail ? Te considères-tu comme précaire ? Où travailles-tu, en ce moment ? Ça te va, le télétravail ? Rêves-tu d’indépendance ? De co-working ? Comment combats-tu le syndrome d’imposture ? Comment supportes-tu les chefs cis blancs hétéros ? Écris-moi pour partager ton expérience et ta vision.

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Marie Albert

5 février 2021

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Marie Albert

Aventurière, journaliste et autrice féministe

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