J’abandonne le soutien-gorge et l’Ă©pilation đŸ–•đŸ»

Photo tous droits réservés © Marie Albert

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J’ai abandonnĂ© le soutien-gorge et l’épilation Ă  l’ñge de 20 ans. Avant ça, je n’étais pas fĂ©ministe, je portais un soutien-gorge tous les jours depuis ma pubertĂ©, et je m’épilais presque intĂ©gralement le corps. J’avais les cheveux longs et je me maquillais. Mais un beau matin, j’ai tout arrĂȘtĂ© et les poils ont repoussĂ©. Vous dĂ©couvrirez dans cet Ă©pisode pourquoi, et quel retour de bĂąton j’ai reçu…

  • Ma pubertĂ© : vite, demander Ă  ma mĂšre une brassiĂšre, puis un soutien-gorge et un Ă©pilateur Ă©lectrique ou un rasoir, pour m’épiler les jambes et les aisselles.
  • Mon adolescence : mieux, acheter un beau soutien-gorge avec mes copines, de belles culottes chez Undiz et me raser le pubis en ticket de mĂ©tro pour la piscine et la mer.
  • Mes relations hĂ©tĂ©ros : pour un homme, porter le plus beau des soutiens-gorge, un joli string inconfortable, et me raser intĂ©gralement le pubis et la vulve.
  • Mon arrivĂ©e Ă  Lille : avec mon amie Maud, nous dĂ©cidons sur un coup de tĂȘte d’arrĂȘter de porter un soutien-gorge. Un dĂ©fi lancĂ© pendant nos cours interminables en amphithĂ©Ăątre Ă  Sciences Po Lille.

Au dĂ©but, nous avons du mal Ă  supporter la sensation des t-shirts et pulls sur nos seins nus, ainsi que le regard des autres (mais c’est l’hiver, donc personne ne remarque rien). Mais trĂšs vite, nous nous habituons et apprĂ©cions notre nouvelle libertĂ© de mouvement. Depuis ce jour, nous n’avons plus jamais portĂ© de soutien-gorge. C’était en 2013 ou 2014, je ne sais plus. 

Aujourd’hui, je suis incapable de supporter le moindre soutien-gorge. Je ne consens Ă  porter une brassiĂšre qu’au moment de faire du sport : quand je pars courir par exemple. Mais cette brassiĂšre m’est inutile quand je fais de la randonnĂ©e (comme mon Survivor Tour), du vĂ©lo ou du yoga. Du cĂŽtĂ© des maillots de bain, je pratique le “top less”, comme on dit. Je porte un bas de maillot, mais pas de haut. Cela me vaut quelques dĂ©convenues en public
 A la piscine municipale, c’est par exemple interdit. 

Sachez que le fait de ne pas porter de soutien-gorge au quotidien, pour une femme, s’appelle le “no bra”. Cette pratique est plutĂŽt Ă  la mode, du moins pour les femmes qui comme moi, sont cisgenres, blanches, jeunes, cĂ©libataires, minces (petits seins), valides et bourgeoises.

J’ai arrĂȘtĂ© les strings dĂšs l’arrivĂ©e de ma vestibulodynie, en 2017. Cette douleur chronique Ă  la vulve m’empĂȘche mĂȘme de porter une culotte, quelle qu’elle soit, sauf quand je fais du sport, car je souffre intensĂ©ment. On pourrait donc dire que je pratique aussi le “no panties”…

Mon rapport Ă  l’épilation est plus compliquĂ©. J’ai arrĂȘtĂ© de m’épiler les jambes il y a 4 ou 5 ans, je pense. Je n’ai pas beaucoup de poils sur les jambes, ils ne se voient presque pas. Comme l’épilateur Ă©lectrique est un instrument de torture que je dĂ©teste, je m’en suis dĂ©barrassĂ©e assez facilement. Personne ne m’a jamais fait de remarque au sujet de mes poils de jambe.

Au mĂȘme moment, j’ai arrĂȘtĂ© de m’épiler rĂ©guliĂšrement les aisselles, au moyen d’un rasoir. Auparavant, je me rasais toutes les semaines. Mais j’ai progressivement allongĂ© les pĂ©riodes sans rasage, et mes poils noirs, drus et fournis des aisselles sont apparus au grand jour, mĂȘme en Ă©tĂ©. J’ai continuĂ© Ă  me raser lorsque j’estimais que mes poils Ă©taient “trop longs”, ou que je voulais plaire Ă  quelqu’un, ou bien sortir Ă  la mer


MĂȘme chose pour ma chatte : j’ai arrĂȘtĂ© de me raser le pubis. A une Ă©poque, je passais mĂȘme des heures Ă  enlever mes poils avec une pince Ă  Ă©piler, je me souviens
 J’ai arrĂȘtĂ© tout ça, mais de temps en temps, je continuais Ă  couper, avec un ciseau, les poils “trop longs” de mon pubis et ma vulve. En maillot de bain, ils dĂ©bordent de partout.

Maintenant, j’essaie de m’en foutre. Deux Ă©vĂ©nements “traumatisants” m’ont amenĂ©e Ă  abandonner l’épilation :

  1. A l’étĂ© 2019, j’ai rasĂ© l’intĂ©gralitĂ© de mes poils de pubis et d’aisselles pour plaire Ă  un mec (qui n’en avait rien Ă  foutre que je sois Ă©pilĂ©e ou non, mais passons), alors que j’étais en vacances au soleil avec lui. A la suite de ce rasage, je me suis sentie nue et fragile (sans mes poils qui me protĂšgent), j’ai souffert de la repousse des poils (extrĂȘmement dĂ©sagrĂ©able) et le mec en question m’a fait un cunnilingus super nul (aucun rapport mais bon).
  2. Depuis que je souffre de vestibulodynie, j’ai l’impression que mes poils de vulve me protĂšgent. DĂšs que je les coupe ou rase un peu, mon vestibule (partie de peau Ă  l’entrĂ©e du vagin, situĂ©e sur la vulve) me fait souffrir le martyr, et je me dis que j’aurais dĂ» garder mes poils. L’autre jour, je me suis promis de ne plus jamais m’épiler, raser, ou couper les poils. On verra si je tiens, avec mes tignasses sous les aisselles et sur mon pubis.

Je rappelle simplement que les poils pubiens ont un rĂŽle trĂšs important dans notre protection contre les maladies, les infections, et toutes les irritations sexuelles. Ils font office de rempart et s’en dĂ©barrasser peut encourager tout ce que je viens de citer. Vous faites bien sĂ»r ce que vous faites de votre corps, mais je vous invite Ă  lire les livres Au bonheur des vulves, Ă©crit par Camille Tallet et Elise ThiĂ©baut, et Prenez soin de votre microbiote vaginal, Ă©crit par Etienne Ricat et Jean-Marc Bohbot, pour parfaire votre connaissance sur le sujet, et ainsi Ă©viter au maximum les infections urinaires, mycoses, et autres vestibulodynies. NĂ©anmoins, si vous attrapez un de ces maux, vous n’ĂȘtes pas responsable, seul le patriarcat l’est. A ce sujet, vous pouvez Ă©couter un autre Ă©pisode de Marie Sans Filtre, qui s’appelle “Je survis au mauvais sexe”.

AprĂšs avoir abandonnĂ© le soutien-gorge et l’épilation, j’ai subi quelques attaques sexistes, bien sĂ»r. Ma mĂšre, qui sera prochainement le sujet d’un Ă©pisode de podcast Ă  elle seule, a tout essayĂ© pour me convaincre que “c’est mal”, que “c’est moche” et que “mes seins vont tomber”, etc. Pour rappel, aucune Ă©tude ne prouve scientifiquement et indubitablement que le port du soutien-gorge empĂȘche les seins de tomber – naturellement – vers le sol, lorsqu’on vieillit. Au contraire

Dans la rue, je me rappelle qu’un groupe de jeunes hommes m’a lancĂ© une insulte (mais je ne sais plus laquelle) quand ils ont vu que j’avais des poils sous les bras. Je n’ai pas rĂ©pondu. Depuis, je me suis fait tatouer un doigt d’honneur sous mon aisselle gauche (ce n’est pas une blague).

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Et j’ai aussi (presque) abandonnĂ© le maquillage


En conclusion, nous recevons certainement des insultes, des critiques et des injonctions lorsque nous abandonnons le soutien-gorge (par confort, par exemple) ou l’épilation (par confort et hygiĂšne, dans mon cas), car la sociĂ©tĂ© ne supporte pas les dĂ©viant·es. Elle empĂȘche nos corps d’exister, tout simplement. Mais tous les privilĂšges dont je bĂ©nĂ©ficie, et que j’ai citĂ©s plus haut, me permettent de m’en sortir relativement bien, et de poursuivre dans cette voie, sans soutif ni rasoir. Je travaille de chez moi, je n’ai pas de mec et je reste “belle” aux yeux du patriarcaca.

VoilĂ , je clos cet Ă©pisode avec ces conclusions.

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Marie Albert

8 avril 2022

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Marie Albert

AventuriÚre, journaliste et autrice féministe

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