Oui, je me rase la tête

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Mon podcast Marie Sans Filtre est diffusé sur toutes les plateformes d’écoute, ou à cette adresse : anchor.fm/mariesansfiltre

Tu lis un épisode de mon podcast Marie Sans Filtre. Bienvenue ! Marie Sans Filtre est un podcast intime, féministe et politique. Je m’appelle Marie Albert, j’ai 26 ans et j’habite à Alençon (Normandie). Je suis aventurière, journaliste et autrice féministe. Je me définis comme une femme cisgenre pansexuelle dépressive blanche jeune mince et athée.  Dans ce podcast, je raconte mes expériences intimes. Je construis mon personnage public. Je déconstruis le patriarcat.

Nous sommes aujourd’hui le 30 octobre 2020 et je te présente l’épisode 22 intitulé : “Je me rase la tête.” Je fais cet épisode car tu me l’as réclamé. Peut-être pas toi directement, mais ta voisine. Tu m’as posé la question suivante : “Raconte-nous ton rasage de cheveux ! Enfin si tu veux bien sûr” un jour de juin 2020. J’ai commencé à répondre dans l’épisode 16 qui s’appelait justement “Je réponds à toutes tes questions”. Je t’ai promis cet épisode spécial rasage de cheveux. Alors le voilà. Je mets du rap pour jouer la meuf qui suit la mode et qui est fière. C’est un peu le but du rasage de cheveux. Sortir du male gaze (le regard masculin). Me sentir libre, indépendante. Surtout : économiser le prix du shampoing/brosse à cheveux/élastiques/coiffeur·euse pendant quatre ans. Je passe désormais trois minutes sous chaque douche. Je ne me peigne ni ne me brosse plus les cheveux. Je ne me coiffe pas. Je ne crains ni la pluie ni la chaleur. 

Peut-être que tu te demandes pourquoi j’ai coupé mes magnifiques cheveux bruns épais ondulés, et si longs ? En fait, je ne pense pas que tu fasses partie des personnes qui me connaissent depuis avant. Des personnes qui se souviennent de mes cheveux longs, puisque je les ai eus en dessous des épaules jusqu’à 2016. Mais tu peux me croire : j’ai toujours eu les cheveux longs, jusqu’à mes 22 ans. Ma mère m’a toujours dit que mes cheveux sont magnifiques, et qu’il ne faut pas les couper, surtout.

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Oui, j’ai des beaux cheveux du point de vue sociétal. Ils correspondent aux standards de beauté occidentaux et racistes. Je suis blanche et mes cheveux sont bruns, épais et ondulés mais pas bouclés, pas crépus. Lorsque je me pointe dans un salon de coiffure : la personne qui coiffe complimente toujours ma tignasse. Le problème, c’est l’objectification des corps féminins et perçus comme féminins. Je suis devenue féministe, féministe radicale, féministe misandre, et mes cheveux m’encombraient. Ils représentaient Marie Albert mais je ne suis pas mes cheveux. Je suis aussi un cerveau et une âme, il paraît. Quand j’ai eu 18 ans, j’ai commencé à couper. De plus en plus court. J’ai fait un carré et j’ai gardé les cheveux aux épaules, puis aux oreilles, pendant quelques années. J’ai cessé de visiter les salons de coiffure. J’ai laissé mes ami·e·s me couper les cheveux, puis je l’ai fait moi-même. 

Photo tous droits réservés © Maud Jovet

En  2016, j’ai demandé à ma meilleure amie Tara une coupe courte, bien qu’elle n’ait aucune expérience en coiffure. Je devais partir marcher sur le chemin de Compostelle pendant un mois et je rêvais de cheveux courts. Pas besoin de les laver tous les 3 jours, pas besoin de les coiffer, pas besoin de les regarder. Tara a pris un ciseau et elle a coupé le plus court possible pour l’époque. Une coupe qui me semble aujourd’hui bien longue, lol. Ma mère a halluciné et détesté. Je suis partie marcher sur les chemins pendant un mois et je n’ai plus jamais quitté mes cheveux courts. Peu à peu, j’ai rêvé d’une boule à zéro. C’est devenu la mode avec tant de stars pseudo-féministes qui l’arboraient sur les tapis rouges. Je vais pas te citer tous les noms, tu vois de qui je parle. Sauf que je travaillais à l’Agence France Presse et je me voyais pas débarquer sans cheveux, du jour au lendemain. J’ai profité d’un passage à l’hôpital pour une opération du genou pour me teindre en blonde platine. Je sais, c’est pas logique. J’ai demandé une décoloration à ma coiffeuse, et elle a dû en faire trois de suite pour que mes cheveux bruns deviennent blancs. Franchement, j’étais super bonne mais la décoloration détruit le cuir chevelu. C’est très toxique, et j’ai toujours des pellicules liées à ce traumatisme, trois ans après.

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Donc, j’ai eu brièvement les cheveux blancs et courts, en 2017. A mon travail, mes collègues s’en fichaient de ma couleur ou de ma coupe de cheveux. Alors quelques mois plus tard, j’ai demandé à Tara de me raser la tête, et elle a accepté ! Elle a pris la tondeuse de son mec et elle m’a tondue complètement dans ma salle de bain. Je suis allée travailler comme ça, avec la boule à zéro, et encore une fois les gens s’en moquaient. J’ai même joué dans un court-métrage à cette époque, pour faire la doublure d’une actrice qui avait les cheveux longs. J’étais une femme tondue pendant la Libération de 1944.

Bref, j’ai la tête rasée depuis 2018. J’ai acheté ma propre tondeuse et je me tonds dans ma douche tous les trois mois, quand mes cheveux repoussent trop à mon goût. C’est vraiment facile et gratuit. Pendant mon tour du globe en cargo, j’ai utilisé la tondeuse des marins pour raser mon crâne et ils étaient tous choqués. Mdr. Je ne me lave pas les cheveux, ou plutôt je masse mon cuir chevelu avec mon savon d’Alep, exactement comme le reste de mon corps. J’ai un peu froid à la tête pendant l’hiver alors je mets souvent un bonnet. Cet été, pendant que je marchais autour de la France à l’occasion de mon Survivor Tour, j’ai apprécié d’avoir les cheveux extra-courts. Les randonneur·euses aux cheveux longs doivent tellement galérer.

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J’adore mon crâne rasé, car il me permet d’échapper aux normes de genre et à l’injonction à la féminité. Dans l’espace public, on m’appelle souvent “Monsieur”. Les gens ignorent mon genre, car une femme sans cheveux, c’est bizarre. Soit elle a un cancer, soit elle est folle, pense ma mère. Je passe parfois pour un homme, une personne non-binaire, peu importe. J’aimerais qu’on cesse de préjuger du genre des personnes sans leur demander d’abord. Je m’identifie comme une femme, sans rapport avec la taille de mes cheveux. Dans la rue, je suis beaucoup moins harcelée depuis que j’ai les cheveux courts. Les mecs sont relous, mais un peu moins. Je n’excite pas le premier connard qui passe. Après, il y aussi des cis mecs qui aiment les meufs aux cheveux courts. Ca doit venir d’un fantasme lié au cinéma, je sais pas…

En fait, avec le temps, je me suis rendue compte qu’avoir les cheveux courts ne suffit pas pour m’extraire du male gaze, ce regard masculin qui m’énerve tant. Car je me vois toujours comme une femme, et comme une proie potentielle pour les hommes cis hétéros. Du coup, je m’habille et je me maquille régulièrement comme une personne “féminine”. Je n’arrive pas à m’extraire complètement des normes de genre. Je suis engluée dans le patriarcat jusqu’aux coudes, comme la plupart de mes congénères.

Aujourd’hui, j’ai décidé de reprendre mes cheveux longs. Je me suis rasée la tête pour la dernière fois le 30 juin 2020. Ca fait quatre mois maintenant, et mes cheveux bruns ont bien repoussés. Je vais avoir les cheveux mi-longs pendant quelques mois ou années, le temps qu’ils poussent. Je rêve d’avoir les cheveux longs, de nouveau. Jusqu’aux seins. Je retombe dans les clichés ?

Je sais pas. Je ne me sens plus aussi bien avec les cheveux courts. J’ai envie de changement. J’ai envie de me sentir belle. C’est triste, mais c’est moi.

Je veux juste te dire que si tu veux te couper les cheveux, fais-le. La boule à zéro va à tout le monde, pas juste “aux personnes qui ont les traits fins”, comme les gens l’affirment souvent. Il ne suffit pas d’avoir les cheveux courts pour sortir de la féminité. Il ne suffit pas d’avoir les cheveux longs pour rentrer dans la féminité. En fait, j’aimerais juste qu’on abolisse la féminité et que chacun·e choisisse son genre, ou ne choisisse pas, en connaissance de cause. Je veux pouvoir changer de coupe de cheveux, et de couleurs, et de style, à chaque moment de ma vie.

J’aimerais que les gens arrêtent de commenter mon physique, en fait. Qu’iels arrêtent de commenter quoi que ce soit qui m’appartient, sans mon consentement. Ce serait cool, non ?

Voilà. Je viens d’enregistrer un épisode sur la boule à zéro alors que je la quitte. C’est pas beau ? L’épisode 22 de Marie Sans Filtre s’achève ici. J’espère qu’il t’a plu. Ecris-moi pour me raconter tes histoires de tonte, coiffeur·euse et fierté ! Si tu as des questions, je peux aussi te répondre (je réponds à tous les messages). Rendez-vous dans 2 semaines pour l’épisode 23 qui s’intitulera : “Mon histoire d’amour finit mal”. C’est une récit très intime d’une de mes relations les plus fortes et les plus tragiques de ces dernières années. Oui, l’amour est politique ! J’ai trop hâte que tu découvres cet épisode. Donc rendez-vous le 13 novembre 2020. Je fais très attention à publier un épisode chaque deux semaines, maintenant, sans exception. 

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Marie Albert

30 octobre 2020

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Marie Albert

Aventurière, journaliste et autrice féministe

Un commentaire sur “Oui, je me rase la tête

  1. Moi aussi j’avais ma tete de rasée par ma mere avec sa tondeuse électrique tous les 15jours , et elle ne me demandait pas mon avis !Mais dans les ,années 70 à, peu prés pour tous les garçons c’était pareil Tout comme le port de la Blouse en nylon,ainsi que mettre des bretelles à pinçes pour tenir nos culottes courtes aussi ,et meme si nos bretelles tiraient trop il fallait les laisser comme ça et si on y touchait la c’était aussi sec c’était la féssée avec le Martinet et ses belles lanieres en cuir que nos cheres meres aimaient auusi employer sur nos fesses! Bref jusqu’à mes 15 ans c’est comme ça que ma mere me traitait ! Certes elles aussi elles étaient toujours dans leurs blouses en nylon mais elles les enlevaient de temps en temps ,tandis que nous les garçons on devaient rester avec ! et pas question de les enlever !Meme lorsqu’on sortait également on était toujours habillés pareil et bien entendu le Martinet suivait ,car maman n’oubliait jamais de le prendre dans so sac ,au cas ou elle en aurait besoin ! et dont aussi elle s’en servait devant tout le monde bref !,j’en ai eu ( moi comme d’autres garçons à cette époque) mes fesses et mon derriere de fouetté pa maman avec son Martinet ,mais justement c’était tout à fait la norme ! et personne ne se plaignai En réalité nos meres ne laissaient rien passer ,et je l’avoue que meme à 15 ans j’avais peur desfessées au Martinet que ma mere me donnaient ;et je n’aurais jamais osé réponre nà ma mere ,comme justement qu’elle me rasait ma tete avec sa tondeuse électrique je devais obéhir la comme aillieurs !

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