Je ne veux pas d’enfant

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Je ne veux pas d’enfant. Je n’ai jamais ressenti ce désir, et je ne le ressentirai jamais. Ce n’est pas une décision, juste un instinct. Et je souhaite que l’on me laisse tranquille, car #MonCorpsMonChoix. Mais le patriarcat me poursuit avec ses certitudes : « Tu vas changer d’avis », « Tu as tort ». C’est épuisant. Dans cet épisode, j’explore les enjeux intimes, féministes et politiques du non désir d’enfant, en tant que femme cisgenre.

Je ne veux pas d’enfant. Ma mère ne m’y encourage d’ailleurs pas. Mon histoire familiale m’a sans doute influencée dans mon non désir d’enfant. Je n’ai pas l’impression que ses enfants (moi, mon frère et ma sœur) ont rendu ma mère heureuse et épanouie dans sa vie.

Je ne vois aucun avantage à avoir un enfant : en tant que femme, je ne souhaite pas être assignée à ce rôle. Si je deviens mère, je sais que je devrai m’occuper de l’enfant, l’élever et tout payer pour lui, jusqu’à ses 25 ans environ. Je n’aurai plus de temps personnel, je ne pourrai plus travailler autant, je serai davantage précarisée. Je perdrai ma liberté. Je ne pourrai plus prendre soin de moi comme avant. Les personnes qui veulent des enfants me parlent d’instinct maternel, d’amour inconditionnel, de transmission des valeurs, de ne pas vieillir seule… Aucun de ces arguments ne me touchent. Mes grand-mères ont des dizaines d’enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Pourtant, elles vieillissent et meurent seules, chez elles ou en Ehpad. Surtout, je ne vais pas faire un enfant avec le seul espoir qu’il me lave les fesses quand je serai invalide. 

Côté contraception, il y a un vrai enjeu, pour les personnes comme moi qui ne souhaitent pas avoir d’enfant, jamais. J’ai déjà pensé à la stérilisation définitive, mais cette intervention qui touche les trompes ne m’inspire guère. Les effets secondaires m’effraient : règles abondantes, douleurs, influence sur l’humeur… Modifier mon corps en bonne santé ne me tente pas pour l’instant. En revanche, la stérilisation dite “masculine”, qui touche les canaux déférents, ceux qui véhiculent les spermatozoïdes jusqu’au pénis, m’apparaît optimale. La vasectomie est une technique non invasive, et sans douleur. Mon ex-copain Michael, dont je parle dans l’épisode “Je fais l’amour à l’hôpital”, avait fait une vasectomie, et je ne me souciais pas du tout de contraception avec lui, c’était le bonheur. On a juste fait des tests de dépistage des IST (infections sexuellement transmissibles), avant de retirer le préservatif. 

Le préservatif reste mon moyen contraceptif numéro 1, aujourd’hui. J’ai quitté Michael en 2018, et depuis, je n’ai aucun partenaire régulier, alors la capote reste la meilleure option. Sinon, j’ai testé ado la pilule contraceptive, et ça ne me convenait pas du tout, car elle modifiait mon cycle hormonal et je n’avais plus aucune libido. Bon aujourd’hui, je n’ai toujours guère de libido, à cause de mes douleurs chroniques à la vulve qui ont un nom : vestibulodynie. J’en parle largement dans l’épisode de Marie Sans Filtre “J’ai tellement mal à la chatte”. Je ferai un autre épisode sur le sujet bientôt, car je souffre de vestibulodynie depuis presque 5 ans, et je n’ai toujours pas trouvé de traitement efficace, malgré les milliers d’euros et d’heures que j’ai investi·es dans les soins. 

La contraception restant une charge largement soutenue par les femmes et minorités de genre aujourd’hui, ne pas vouloir d’enfant, ou ne plus en vouloir, implique de trouver un moyen de contraception adéquat, et cela prend du temps et de l’argent. En tous cas, pour les personnes qui ont des relations sexuelles pouvant mener à une grossesse. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Aujourd’hui, je ne souhaite plus avoir de relation avec un homme cis, et encore moins faire de pénétration, donc je ne risque plus de tomber enceinte. A lire : l’essai La Charge sexuelle, écrit par Clémentine Gallot et Caroline Michel, publié aux éditions First.

Avec le non désir d’enfant, arrive la stigmatisation. J’assume complètement, depuis toujours, que je n’aurai pas d’enfant, et j’ai rencontré des centaines de personnes qui m’ont expliqué que j’allais changer d’avis, et que j’avais tort. J’appelle cela du sexisme et du mansplaining. Si je disais que je veux des enfants, personne ne me dirait que je vais changer d’avis, et que j’ai tort. Je ne fais de mal à personne, et on me dit que je suis égoïste. J’estime que les gens qui font des enfants sont tous·tes aussi égoïstes que moi. Iels font des enfants pour elleux, parce qu’iels en ont envie (dans le meilleur des cas), pas par altruisme. Quand on pense à l’impact environnemental d’un enfant de plus sur la planète, mieux vaut en faire zéro. Mais ce discours est peu audible dans l’espace public. Moi, je veux vivre dans un petit appartement, ou dans une petite maison, et je consommerai bien moins qu’une famille, tout ma vie. 

Côté solitude, je n’ai pas peur d’être seule, car j’ai une famille (incroyable mais vrai) et des amies. Je suis très sociable et je rencontre du monde tout le temps. Si j’ai besoin d’une famille, je vais voir ma sœur ou mon frère.

Je n’ai pas peur de dire que je déteste les enfants, même si cela ne veut rien dire, car les enfants sont des humains comme les autres, et devraient être considéré·es comme tel·les. Je m’oppose à l’adultisme et à l’âgisme, ces formes de domination qui considèrent les enfants comme des sous humains, avant leurs 18 ans. Dans la majorité des sociétés, cette domination n’est jamais remise en question, y compris en France. Les enfants doivent obéir aux adultes, et ne peuvent faire de choix propres avant 18 ans. Les violences qu’iels subissent sont sous-évaluées, et ignorées des “adultes”. Quand je dis que je déteste les enfants, c’est plutôt que je n’aime pas m’occuper d’enfants, les élever, en avoir la charge. Beaucoup de femmes sans désir d’enfant se justifient en disant “Mais j’adore les enfants !”. Pour moi, ce n’est pas le sujet. On ne doit pas “aimer” ou “détester” les enfants, on doit juste les considérer et les respecter. Je sais que si je fais des enfants, je serai malheureuse et donc je les élèverai avec violence et domination (comme la plupart des parents le font, soit dit en passant).

A côté de ça, je me passionne pour les sujets de la grossesse, la parentalité, etc. Je lis beaucoup de contenu sur le sujet, j’écoute des podcasts comme La Matrescence, créé par Clémentine Sarlat, et Bliss stories, animé par Clémentine Galey. Je m’intéresse beaucoup au vécu de mes amies enceintes ou qui ont déjà un enfant. D’ailleurs, j’observe les inégalités qui se creusent dans leur couple au moment de l’arrivée du bébé, et du rôle de mère qui leur est assigné, qu’elles l’aient choisi, ou non : elles portent la charge mentale de la famille.

Au sujet du non désir d’enfant, je vous conseille d’écouter l’épisode de mon autre podcast Sologamie qui s’appelle justement “Non désir d’enfant”, dans lequel je discute avec la podcasteuse Tsippora Sidibé, créatrice de Tant que je serai noire, une émission dans laquelle elle explore le désir et le non désir de parentalité avec des personnes noires. Je l’ai donc invitée dans mon podcast Sologamie pour discuter de nos points de vue sur le non désir d’enfant, sachant qu’elle non plus n’en veut pas. Elle souligne dans l’épisode l’intersection du sexisme et de la colonisation dans l’histoire des femmes noires, et leur rapport à la maternité. C’est très important d’écouter son expertise, parce que moi, je suis une femmes cis blanche bourgeoise, et je ne parle dans Marie Sans Filtre que depuis mon point de vue situé.

Voilà je clos cet épisode avec cette recommandation.

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Marie Albert

11 mars 2022

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Marie Albert

Aventurière, journaliste et autrice féministe

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