Je fais l’amour à l’hôpital

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Avertissement : cet épisode évoque ma sexualité

Je vous raconte mon expérience à l’hôpital. Pour la première fois dans ce podcast, j’évoque la sexualité des personnes hospitalisées, parce que j’ai été l’une d’elles et que c’est encore un sujet tabou, interdit. J’ai fait l’amour à l’hôpital une bonne trentaine de fois, et les obstacles sont nombreux (le validisme, par exemple). Le sujet du sexe et du handicap concerne pourtant des millions de personnes.

  • En 2017, j’ai été hospitalisée à deux reprises. La première, c’était pour subir une opération du genou, à la suite d’un accident de rugby. La deuxième, c’était aux urgences à cause d’une mononucléose non diagnostiquée. Dans cet épisode, je me concentrerai sur mon expérience post-opération du genou, car j’ai passé 6 semaines en centre de rééducation à cette occasion. J’assimile le centre de rééducation à un hôpital, car le fonctionnement est le même. Nous, patient·es, sommes interdit·es de sortie, de sexualité, et d’un tas d’autres choses. Nous sommes malades, handicapé·es, ou en rémission. En 2017, j’ai passé 54 jours à l’hôpital au total. Je raconte cette expérience dans un article de blog intitulé justement “54 jours à l’hôpital”.
  • Au centre de rééducation de Châtillon (92), où j’ai séjourné en septembre et octobre 2017, j’ai rencontré un mec cis hétéro blanc qui s’appelle M. Il a 8 ans de plus que moi, il est amputé du pied droit après un accident de parapente, et il apprend à marcher avec sa prothèse. On tombe amoureux·se et on sort ensemble pendant 1 an, ce qui est fort quand on sait qu’il habite à la ZAD de Notre-dame-des-Landes et moi à Paris. Nos vies sont bien différentes : il est handicapé, moi pas. Mais je parle dans cet épisode de sexualité, pas de notre relation longue distance. Donc on couche ensemble dans le centre de rééducation, à l’insu du personnel soignant et cela pose un certain nombre de problèmes. On est grillé·es par le personnel soignant après quelques heures seulement, en vérité. On doit se cacher dans la chambre d’un ou de l’autre pour baiser. Etant donné nos handicaps, lui son amputation et moi mon opération du genou, il n’est pas facile de changer de position dans le lit. M. passe beaucoup de temps à dormir, la journée, alors il n’est pas souvent disponible. Je tombe naturellement amoureuse de lui, ou plutôt dépendante affective, alors je lui envoie plein de SMS et il met des heures à y répondre. Quelques semaines après notre rencontre, il quitte le centre de rééducation. Mais il me rend visite fréquemment, et passe même une nuit dans ma chambre, en se cachant dans ma salle de bain au petit matin pour échapper aux aides-soignant·es qui passent m’apporter mon petit déjeuner. J’ai l’impression que nous sommes des ados interdit·es de nous retrouver, presque dans l’illégalité. Tout est fait pour empêcher la sexualité, même hétéro, même entre personnes mariées, à l’hôpital.
  • Je relie ce tabou au validisme : cette discrimination que subissent les personnes handicapées. Lorsque nous sommes hospitalisées, nous sommes momentanément handicapé·es, privé·es de mouvements. Notre mauvaise santé ne nous permet pas, aux yeux des personnes valides, de la société valide, d’avoir une libido, et encore moins des relations sexuelles. Certaines personnes passent des mois, voire des années à l’hôpital, en centre de rééducation, ou en institution pour personnes handicapées. Ce droit fondamental d’avoir des relations intimes avec autrui leur est dénié, au nom de “leur intérêt”. Pendant mon hospitalisation, j’avais l’impression d’être infantilisée. On m’empêchait de suivre mon régime végane, on m’empêchait de passer la nuit dans la chambre de M. Or je pense que des relations intimes, amicales, amoureuses et/ou sexuelles peuvent accélérer la guérison, la rémission, ou simplement améliorer la santé mentale des personnes hospitalisées. Personnellement, j’ai passé de très heureuses semaines dans ce centre de rééducation, en partie grâce à ma relation avec M. Mais je n’oublie pas que je reste une personne valide, et que mon vécu n’a rien d’universel. Je ne prescris à personne d’avoir des relations sexuelles à l’hôpital. Chacun·e fait ce qu’iel veut/peut.
  • Bref, j’ai décidé d’écrire sur le sujet de la sexualité à l’hôpital une enquête, publiée en décembre 2018 dans le magazine Néon. Je l’ai titrée “Sexe à l’hôpital, le dernier tabou”. J’ai interrogé d’autres pensionnaires du centre de rééducation de Châtillon (92) pour comprendre leur rapport à la sexualité pendant leur hospitalisation. J’ai aussi longuement raconté mon histoire d’amour et de sexe avec M., que j’ai renommé Anthony dans l’article pour respecter son anonymat. Je suis fière de mon article et je vous invite à le lire sur mon blog, si le sujet vous intéresse.
  • J’ai aussi écrit un article sur la malbouffe à l’hôpital, que vous pouvez retrouver sur mon blog. Il s’appelle “Malbouffe, alcool et tabac au menu de l’hôpital” et date de 2018.

Voilà je clos cet épisode avec toutes ces recommandations.

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Marie Albert

14 janvier 2022

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Marie Albert

Aventurière, journaliste et autrice féministe

Un commentaire sur “Je fais l’amour à l’hôpital

  1. Bonjour Marie, j’ai lu avec attention tes expériences,il y a quelques années je souffrais de dépression nerveuse,et j’ai été dans un hôpital psychiatrique,et j’ai eu une relation amoureuse pendant mon séjour à l’hôpital,c’est un sujet tabou la sexualité.L’horreur à dénoncé c’est la dose de Clopixol injecté dans ton corps à ton arrivée,c’est un neuroléptique qui embêche d’avoir une érection et des rapport sexuels.Un sujet pour toi à développer…

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