Je vous raconte comment je sors de l’hĂ©tĂ©rosexualitĂ© et de la monogamie obligatoires. C’est un long chemin, semĂ© d’embĂ»ches. Je tiens bon et je m’accroche Ă mon rĂȘve : lĂ©cher des chattes trĂšs bientĂŽt.
Mon podcast Marie Sans Filtre est diffusĂ© sur toutes les plateformes dâĂ©coute, ou Ă cette adresse : anchor.fm/mariesansfiltre
Toute mon enfance, je vois l’hĂ©tĂ©rosexualitĂ© comme obligatoire. La culture dominante – romans, films, musiques – m’enseigne qu’un homme couche avec une femme, et c’est tout. Tout mon entourage est hĂ©tĂ©rosexuel : mes parents, ma famille et mes ami·es.
A l’adolescence, je connais mes premiers amours. Uniquement des garçons. Jâai des âcrushsâ diffĂ©rents pour chaque annĂ©e du collĂšge. Je sors avec un premier mec quand jâai 15 ans. Il collectionne les meufs. Il me largue comme une merde aprĂšs deux jours de relation. Ensuite, jâenchaĂźne les relations hĂ©tĂ©rosexuelles, de mes 17 Ă mes 24 ans. Je sors 3 ans avec un mec, 2 ans avec un autre mais il est violent (cf. lâĂ©pisode âJe sors deux ans avec un homme violentâ), 1 an avec le dernier. Des histoires de plus en plus courtes. Je mâennuie avec eux et les quitte assez brutalement.
Ensuite, je multiplie les aventures avec dâautres hommes cisgenres hĂ©tĂ©rosexuels. Des aventures sans lendemain avec des hommes qui me maltraitent Ă©motionnellement. Qui me donnent des miettes de pain. Je souffre beaucoup, car je suis dĂ©pendante affective, et je dois rompre tout contact avec eux pour les oublier. JâenchaĂźne les histoires, mais ne parviens pas Ă âme remettre en coupleâ. Je (re)dĂ©couvre le cĂ©libat.
ParallĂšlement Ă toutes ces histoires hĂ©tĂ©ros, je nâai jamais Ă©tĂ© âfidĂšleâ. Jâai toujours eu des relations âextraconjugalesâ. Jâai embrassĂ© dâautres hommes, et surtout dâautres femmes. Je nâai fait du sexe quâavec des hommes cisgenres, jusquâĂ aujourdâhui. Mais je suis attirĂ©e amoureusement et sexuellement par dâautres personnes : des femmes ou des personnes trans. Un jour, jâai failli coucher avec une meuf, mais jâai changĂ© dâavis au dernier moment. Elle ne me plaisait pas assez.
Quand je couche avec un homme cis, je ne me demande pas âsâil me plaĂźt assezâ. Jây vais, je consomme, et je repars. Jâadore le sexe et je peux coucher avec des personnes qui ne me plaisent pas. Mais je dis souvent que âjâai un blocage avec les meufsâ parce que je rĂ©flĂ©chis 1000 ans avant de faire le premier pas ou de coucher avec lâune dâelle. Il faut vraiment quâelle me plaise, que je sois sĂ»re Ă 100% que nous allons passer un bon moment. Câest impossible Ă vĂ©rifier. Alors je me dĂ©motive. Je laisse tomber.
Je nâai couchĂ© quâavec des hommes cis, dans ma vie, mais jâai embrassĂ© plusieurs femmes. Je sais que je suis pansexuelle car je suis attirĂ©e par des personnes de tous genres. Dâautres personnes me dĂ©finiraient comme bisexuelle. Les deux mots me conviennent. Je ne suis pas hĂ©tĂ©rosexuelle.
Je ne suis pas monogame non plus. Je me dĂ©finis comme polyamoureuse car je ne souhaite plus de relation exclusive, dans laquelle je dois âfidĂ©litĂ©â sexuelle Ă la personne avec qui je relationne. Je ne crois pas Ă la monogamie, et elle ne me rend pas heureuse. Pendant ma derniĂšre âlongueâ relation avec un homme, entre 2017 et 2018, jâai proposĂ© une relation âlibreâ Ă mon copain et il a acceptĂ©. Bon, je lui ai proposĂ© cette relation libre aprĂšs avoir couchĂ© avec quelquâun dâautre, donc ce nâest pas honnĂȘte. Mais la fin de notre relation sâest faite sur ce mode : âOn couche avec qui on veut mais on ne se raconte rienâ.
Parce que je ne veux pas savoir avec qui couche lâautre personne. Je ne veux aucun dĂ©tail. Je sais que je serais jalouse. A long terme, je sais que mes principes sont fragiles. Imaginons que lâautre personne tombe amoureuse de quelquâun·e dâautre ? Câest le principe dâune relation polyamoureuse. Il faudra bien quâelle me le dise Ă un moment. Est-ce que je serai jalouse ? Est-ce que je souffrirai ? Sans doute. Les personnes qui vivent des relations polyamoureuses aujourdâhui disent que câest toujours difficile Ă mettre en place et Ă vivre sur le long terme. Mais je veux essayer. Lâautre modĂšle hĂ©tĂ©ro et exclusif ne me convient pas, de toute façon.
Je nâai jamais fait de coming out pansexuel ou polyamoureux. Câest peut-ĂȘtre aujourdâhui que je le fais, dans ce podcast. Mes parents ne me croient pas quand je leur dis que je suis pansexuelle, ou bisexuelle (car je nâai relationnĂ© quâavec des hommes cis jusquâĂ maintenant, ce qui est un argument panphobe/biphobe). Mes ami·es sâen foutent et/ou le savent dĂ©jĂ depuis des siĂšcles. Je ne me sens pas discriminĂ©e, mais je nâai jamais tenu la main dâune meuf ou dâune personne non binaire dans la rue. Je nâai pas fondĂ© de famille queer. Je passe pour âhĂ©tĂ©roâ dans lâespace public depuis que mes cheveux repoussent. Jâai toujours portĂ© des mini-jupes et sautĂ© sur les mecs mignons qui mâentourent.
Je culpabilise de dĂ©sirer toujours des mecs cis. LâĂ©tĂ© dernier, aprĂšs ma relation fiasco avec un harceleur (cf. les Ă©pisodes âJe survis Ă la dĂ©pendance affectiveâ et âJe survis au harcĂšlement de mon exâ), je me suis promis de ne plus jamais relationner avec un homme cis de ma vie. Vous devez savoir que je me fais cette promesse une fois par an environ, et que je ne la tiens que quelques mois Ă chaque fois, avant de âcĂ©derâ lâĂ©tĂ© suivant face au âcharmeâ dâun mec cis quelconque. Je nâai relationnĂ© avec personne depuis aoĂ»t 2021. Jâimagine que jâaurai une nouvelle histoire naze avec un mec cis cet Ă©tĂ©, donc.
Vous devez penser âMais pourquoi nâessaie-t-elle pas de relationner avec une meuf, ou une personne trans ?â. Je ne sais pas pourquoi. Je nây arrive pas. DerniĂšrement, jâai eu un crush sur une meuf cool, mais quand jâai essayĂ© de la choper, aprĂšs DES MOIS dâapproche, elle a pĂ©cho un mec cis lambda Ă cĂŽtĂ© de moi. La plupart du temps, je trouve des excuses pour ne rien tenter et rester dans ma caverne. Les meufs sont mes amies, et quand elles me plaisent, je crains quâelles ne soient hĂ©tĂ©ros ou pas attirĂ©es par moi. Au contraire, quand un mec cis croise mon regard, je fais nâimporte quoi pour le choper. Je sais exactement quels leviers actionner. Je les considĂšre comme des objets sexuels, et vice versa. Jâassouvis mon dĂ©sir, mon instinct, mon envie. Je ne rĂ©flĂ©chis pas, je fonce. Quelques jours plus tard, je souffre. Si vous ne comprenez pas ce que je raconte, je vous redirige vers mon Ă©pisode âPourquoi je tombe amoureuse des connardsâ.
Je suis donc pansexuelle et polyamoureuse mais concrĂštement, il ne se passe rien. Je suis cĂ©libataire depuis aoĂ»t 2018. Ăa fait bientĂŽt quatre ans. Jâanime un autre podcast qui sâappelle Sologamie, âpour les cĂ©libataires qui nâont besoin de personneâ. Je dis que je suis misandre (je dĂ©teste tous les hommes cis) mais je continue de coucher avec certains dâentre eux (et je choisis les pires) irrĂ©guliĂšrement. Mes histoires avec les meufs sont trĂšs trĂšs trĂšs courtes, voire inexistantes. Je ne supporte pas les applications de rencontre (si vous voulez savoir pourquoi, Ă©crivez-moi pour me demander un Ă©pisode de podcast sur le sujet). Je suis cĂ©libataire politique et cela me convient. Mais jâespĂšre quâun jour je lĂšcherai des chattes, et franchement jâai trĂšs hĂąte.
VoilĂ , je clos cet Ă©pisode avec cet espoir.
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Marie Albert
10 juin 2022