Je fais le tour du globe sur un cargo

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Mon podcast Marie Sans Filtre est diffusé sur toutes les plateformes d’écoute, ou à cette adresse : anchor.fm/mariesansfiltre

29 décembre 2018 : Je pars dans trois jours au Havre. Je dors à l’hôtel. Je regarde le plafond de mon lit et j’espère qu’il pleut. Après, je sors manger un sandwich et une soupe chaude. La ville est laide. Il pleut.

4 janvier 2019 : Je ne vois personne. Je sors ma liseuse et je commence à lire un roman. C’est le premier depuis l’été. Je regarde mon smartphone. Je désinstalle toutes mes applications sauf une. J’appelle un taxi qui m’emmène au port de marchandises du Havre. Je suis encerclée par les conteneurs. J’aperçois le cargo Georg Forster à pavillon anglais, 400 mètres de long. Je monte un escalier interminable avec mon sac à dos noir. Je salue l’équipage. L’un des marins m’accompagne jusqu’à ma cabine, au cinquième étage de la tour qui surplombe le pont. Je regarde par la fenêtre. Des conteneurs à perte de vue. Je pose mon sac. Je m’allonge sur le lit. Je regarde le plafond et j’espère qu’il pleut. Je prends la mer.

J’ai décidé de partir quatre mois sur les océans du globe pour voyager seule en cargo. Les porte-conteneurs transportent des marchandises d’Europe en Asie, d’Asie en Amérique. Ils accueillent des touristes, parfois. La nuit à bord coûte environ 150 euros. En tout, je dépense 10 000 euros pour réserver ma place de passagère. Je fais le tour du globe, d’ouest en est. Je ne travaille pas. Je dors, je mange les plats du chef avec les matelots. Je nage dans la piscine d’eau de mer du cargo. Je fais des pompes dans la salle de sport. Je lis des romans. J’écoute des podcasts. Je prends des douches. Je me masturbe. J’écris un roman.

Pour que tu comprennes, je te détaille mon parcours.

1 – Je pars le 3 janvier 2019 du port du Havre (en France) à bord du cargo CMA CGM Georg Forster. La compagnie française de marine marchande qui propose ces voyages aux touristes s’appelle CMA CGM. Si tu veux plus d’information, je t’invite à te rendre sur le site voyagesencargo.com

Le cargo Georg Forster longe la côte atlantique française, cap au sud. Il fait le tour de l’Espagne, traverse la mer Méditerranée, le canal de Suez puis la mer Rouge. Je fais escale au port de Jebel Ali (aux Emirats arabes unis) où je n’ai pas le droit de débarquer car je n’ai pas de visa. Le cargo traverse ensuite l’océan Indien. J’arrive à Port Kelang (en Malaisie) où je peux descendre du bateau. Nous naviguons ensuite jusqu’au port de Xiamen (en Chine) où j’arrive le 7 février 2019. Je quitte le cargo pour dix jours. Je visite la ville côtière de Xiamen, que j’adore.

2 – Je prends un train pour Ningbo (toujours en Chine). Cette ville se situe à 900 kilomètres au nord de Xiamen. Je monte dans un nouveau cargo, le CMA CGM J. Adams, avec un nouvel équipage. Nous faisons escale à Shanghai (toujours en Chine), puis à Busan (en Corée du Sud). Nous traversons l’océan Pacifique puis le canal de Panama, et la mer des Caraïbes. Nous arrivons à New York (aux Etats-Unis) le 21 mars 2019. Je quitte ce second navire pour passer deux semaines à visiter le nord-est de Etats-Unis : Washington et New York en tête. 

3 – Un troisième cargo, le CMA CGM Tosca, m’accueille pour la dernière traversée. J’embarque à nouveau au port de New-York. Nous faisons d’abord escale à Norfolk, puis à Savannah et à Miami (trois villes de la côte est américaine) avant de passer dix jours sur l’océan Atlantique. Nous traversons à nouveau le détroit de Gibraltar. J’arrive au port de Fos-sur-Mer, tout près de Marseille (en France) le 29 avril 2019. Je quitte définitivement le navire.

Je passe quelques jours à visiter Marseille, que je ne connais pas. Je dors chez ma tante. Je prends un TGV pour Paris. Je me réfugie chez mes parents. Mon périple s’achève le 5 mai 2019.

Je dresse à présent le bilan de mon voyage en cargo.

J’ai lu 30 romans

J’ai écouté 200 podcasts

J’ai rencontré 80 marins

J’ai passé 120 nuits en mer

J’ai traversé 3 océans

J’ai changé 24 fois de fuseaux horaires

J’ai vécu 2 dimanche 3 mars 2019

J’ai fait 120 fois le tour du cargo à pied

J’ai visité 5 pays

J’ai fait escale dans 14 ports

J’ai traversé 2 canaux internationaux : Suez et Panama

J’ai vu 300 dauphins et 10 baleines

J’ai médité 2400 minutes

J’ai écrit 500 pages (tu pourras bientôt les lire puisqu’il s’agit de mon premier roman, à paraître un jour, si dieu le veut)

J’ai vécu 0 tempête

Et j’ai vomi 0 fois

(Je ne parle pas du bilan carbone)

Après mon tour du globe, je fais quoi ?

Je décide que le cargo, c’est un moyen de transport intéressant pour celleux qui comme moi ne prennent pas l’avion par conviction écologique. Sauf qu’un cargo rejette des tonnes de gaz à effets de serre et perturbe les écosystèmes marins. Un cargo transporte des marchandises d’un bout à l’autre du globe pour un prix dérisoire. Il encourage la mondialisation, les inégalités et le réchauffement climatique.

Après mon tour du globe en cargo, je voyagerai à pied, c’est encore ce que je sais faire de mieux. Je ferai le tour de Paris à pied, le tour de France à pied, le tour d’Europe à pied, le tour des Amériques à pied, le tour d’Afrique à pied et le tour d’Asie à pied. Quand j’aurai terminé mon tour du monde à pied, alors j’aurai 60 ans et je passerai à autre chose.

Avant de repartir, je veux publier mon premier roman, qui s’appelle La Puissance. Il raconte cette expérience mieux que cet épisode de podcast. Je veux aussi écrire un long article sur les femmes marins, que j’espère bientôt publier dans la presse française. 

Après mon tour du globe en cargo, j’ai terminé le chemin de Compostelle, débuté quelques années auparavant. Tu écouteras cette aventure dans le prochain épisode de Marie Sans Filtre. Je veux aussi retourner vivre un an en Russie pour perfectionner mon russe. J’ai 90 autres projets du genre : lancer un podcast sur les célibataires, écrire un livre sur ma grand-mère, faire le tour de l’Europe en train, aller méditer quelque part sans internet et me faire percer le nombril.

Journaliste, je ne veux plus travailler en rédaction, chercher un CDI et m’ennuyer au travail. Je rêve de liberté, d’indépendance et d’argent facile.

Je veux :

1- VOYAGER

2- ECRIRE

3- MILITER

Militer pour quoi ? Pour les droits des femmes, contre toutes les discriminations. Militer aussi pour tous les animaux, pour la planète. Je ne crois pas au journalisme neutre et objectif. Je suis une journaliste militante, activiste, engagée, ce que je veux. J’aimerais vivre de mon métier, UN JOUR.

Tu as compris que mon tour du globe en cargo a changé ma vie. Du moins, mon métier. Je suis aujourd’hui journaliste pigiste. Je travaille toujours à Paris mais je vais bientôt déménager à Limoges (oui), ou en Russie. 

Je conseille un voyage en cargo à toutes les personnes qui apprécient la solitude, l’enfermement, et la déconnexion. Je n’ai pas eu le mal de mer. Je n’ai pas souffert de claustrophobie. Je n’ai pas été violée par les marins. Je ne me suis pas ennuyée. J’ai vécu les heures les plus seules et les plus intenses de ma vie. J’ai perdu mes économies mais je le referais cent fois. Pour en savoir plus, je t’invite à lire mon blog mariealbert.info et mon roman La Puissance dès qu’il sortira. 

Tu viens de lire ou écouter l’épisode 6 de mon podcast Marie Sans Filtre. Si tu apprécies mon travail, je t’invite à me soutenir sur ma cagnotte Tipeee, dont tu trouveras le lien dans ma description. Ce podcast est un projet bénévole et je ne peux le poursuivre sans ton aide. Merci !

En attendant le prochain épisode, je te souhaite une belle journée et de beaux voyages. Je remercie toutes les personnes qui ont rendu mon tour du globe fantastique, en premier lieu desquelles mon amoureux marin et philippin John, avec qui j’ai passé trois semaines rêvées sur l’océan Pacifique. Nous avons fait l’amour sur la mer et c’est si pur. THANK YOU. 

NB. Si cet épisode t’a plu, tu peux lire ou écouter mon hors-série intitulé “Mon plan à trois sur un bateau” diffusé il y a quelques semaines sur ce podcast. J’y raconte un épisode de ce voyage qui m’a marqué.

Marie Albert

5 février 2020

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Marie Albert

Aventurière, journaliste et autrice féministe

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