Mon podcast Marie Sans Filtre est diffusé sur toutes les plateformes d’écoute, ou à cette adresse : anchor.fm/mariesansfiltre
Avertissement : ce texte évoque la sexualité, les violences sexistes et la santé mentale
Pourquoi je baise et je dis “Je t’aime” le premier soir ? Je vous parle de ma dépendance affective, que j’ai déjà présentée dans les épisodes précédents, mais qui fait encore des dégâts. Je politise une nouvelle fois les relations hétérosexuelles, “L’AMOUR”, “LE SEXE”, tout ça tout ça. C’est grave, de baiser le premier soir ? De dire “Je t’aime” le premier soir” ? C’est féministe ? Pourquoi je suis encore incapable de relationner avec d’autres personnes que les mecs cisgenres ? Bref, un épisode bien croustillant pour vos yeux curieux. Je sais que vous adorez quand j’étale ma vie sexuelle. Bonne lecture !
Mais avant de vous raconter ma vie, j’emprunte une citation au compte Instagram Clit Révolution, qui a publié il y a très longtemps ce message :
“Tous les matins et tous les soirs, je me souris dans le miroir, je me regarde avec fierté. Je commence et finis ma journée en étant Beyoncé. Beyoncé comme métaphore d’un moi puissant et fier. Avoir de l’ego est un enjeu du féminisme.”
Clit Révolution
C’était le 11 mai 2020. Je ne sais plus quel était le contexte. Si c’était une publication ou une story… Mais cette citation m’a marquée. Je pense qu’on devrait s’en inspirer tous les jours. Surtout dans cet épisode. Merci Clit Révolution, un projet porté à l’origine par les féministes Elvire Duvelle-Charles et Sarah Constantin. Merci à elles !
Je reviens maintenant au sujet du jour : je baise et je dis “Je t’aime” le premier soir. C’est grave ? À l’origine, je voulais en faire un épisode positif. C’est génial de baiser le premier soir ! C’est féministe ! Vive le féminisme pro-sexe ! Je suis libre de faire ce que je veux de mon corps ! J’adore le sexe ! C’est l’activité que je préfère sur cette terre ! Pourquoi me retenir ? Dire “Je t’aime” le premier soir ? Je ne vois pas non plus le problème. Si je le pense au moment où je le dis, c’est ok. Je ne veux pas me marier et faire des enfants avec la personne avec laquelle je couche. C’est juste une émotion que je partage avec elle. J’aime faire l’amour avec elle, je me sens bien en sa compagnie, j’ai confiance et je passe un bon moment. Le sexe est tellement fort que je l’aime ! Voilà, c’est dit ! Où est le mal ? Pourquoi devrait-on attendre le quatrième ou cinquième rendez-vous pour coucher ? Pourquoi devrait-on vivre six mois ou un an de relation avant de dire “Je t’aime” ? J’aime beaucoup de gens sur cette terre et je leur dis dès que possible. Encore une fois, je ne fais pas manger le mec à qui je sors cette phrase, c’est juste une émotion que je partage avec lui. Et souvent, le gars me répond d’ailleurs “Moi aussi”, alors que je sais pertinemment que c’est bidon. Que le lendemain il va me ghoster comme une merde ! Mais c’est le jeu ! Je m’en réjouis. Bref, cet épisode aurait pu être positif mais en fait non.
Je viens de vivre une relation bof avec un mec cis blanc hétéro. Elle a duré exactement cinq jours. Et elle m’a mise à terre pour des semaines. Vraiment, j’ai déprimé. J’ai fait des crises d’angoisse. J’ai pleuré. J’ai eu envie de mourir. Je ne voulais pas me suicider. Je voulais simplement arrêter de souffrir. J’étais dépendante affective. Si tu ne sais pas ce que ça veut dire, je te conseille vivement de lire ou écouter les épisodes précédents de Marie Sans Filtre, notamment l’épisode 5 “Pourquoi je tombe amoureuse des connards” et l’épisode 35 “Je survis à la dépendance affective”. Je les ai moi-même ré-écoutés avant d’enregistrer l’épisode du jour. Dans l’épisode 35, je raconte par exemple ma relation avec Yannis Bayouri, un mec violent avec qui j’ai relationné pendant trois semaines. Ça s’est mal fini parce que le gars m’a harcelée après que je l’ai largué. J’ai dû porter plainte pour qu’il arrête de me suivre physiquement sur le chemin de randonnée que j’empruntais, en Bretagne. J’étais sur mon Survivor Tour, mon tour de France à pied contre les violences sexistes (qui reprend d’ailleurs le 1er juillet 2023 dans les Pyrénées), et Yannis Bayouri me poursuivait alors que je lui avais dit d’arrêter des dizaines de fois. Bref, allez écouter cette histoire en podcast si elle vous intéresse. C’est bien l’épisode 35 de Marie Sans Filtre. Après cette relation catastrophique, je n’ai pas touché aux mecs cis pendant un an et demi. D’août 2021 à décembre 2022. Je les ai évités physiquement. Je me sentais traumatisée. J’ai surnommé Yannis Bayouri “le vaccin” tellement il m’a dégoûtée des mecs cis. Il faut dire que mes relations précédentes n’étaient pas glorieuses non plus. Ces dernières années, je suis tombée successivement sur des tocards qui soufflaient le chaud et le froid et contrôlaient notre relation. Ils me dominaient. Ils me « breadcrumbaient » : donnaient des miettes de pain (de l’anglais “breadcrumb”). Ils ne s’investissaient pas. J’étais obligée de m’auto-larguer pour sortir de ces relations merdiques. Récemment, une meuf inconnue a écouté mon podcast sur Yannis Bayouri et l’a reconnu. Elle m’a écrit sur Instagram pour me dire qu’elle avait relationné avec lui cet été et qu’il l’avait ghostée. Mais surtout, elle m’a dit que le gars se présente dorénavant comme “féministe”. Oui, on parle bien d’un mec violent qui m’a harcelée, contre qui j’ai dû porter plainte et qui sort désormais avec des meufs magnifiques dans le plus grand des calmes en se disant “féministe”. Il connaît tous les bons termes. Quand je l’ai connu, ce n’était pas le cas. Je suis dégoûtée. Mais je me réjouis de citer son nom partout, Yannis Bayouri, car d’autres meufs m’écrivent pour me raconter ce qu’il fait et je peux les informer à mon tour. C’est pourquoi je donne le nom de mes agresseurs dès que je peux, dans mon podcast et sur mon blog mariealbert.info. Il faut que la peur change de camp, etc.
Pendant que mes ex vivent leur meilleure vie, dans le plus grand des calmes je le répète, car la police et la justice ne leur demandent aucun compte (je traiterai dans le prochain épisode de Marie Sans Filtre ce problème : “J’ai porté 6 fois plainte et ça ne sert à rien”), je me sens traumatisée. J’ai peur des mecs cis et je les évite comme la peste. Sauf qu’au mois de décembre 2022, j’ai craqué. J’étais seule à Cherbourg. Je viens d’emménager et je ne connais pas grand monde dans le coin. Je suis sortie dans des bars pour regarder les matchs de la Coupe du monde de foot en bonne compagnie, et j’ai rencontré un mec cis blanc hétéro. Je ne donne pas son nom car je n’ai pas porté plainte contre lui. Il n’a pas été violent avec moi. C’est juste un mec cis de base. Qui vient, se sert et repart.
Bref, notre histoire a duré cinq jours à Cherbourg. Je la détaille dans la version audio de cet épisode, à écouter ici.
Alors, est-ce qu’il faut coucher le premier soir et dire “Je t’aime” au premier mec qui effleure mon clitoris ? Je n’ai pas de réponse à cette question. Je publie cet épisode parce que je n’ai pas honte, et que je sais que je ne suis pas seule. Ces deux aspects “coucher le premier soir” et “dire je t’aime” paraissent contradictoires mais en fait non. Tout va bien. Je ne suis pas responsable des violences que je subis. Ce n’est pas de ma faute si les mecs cis ne sont pas reliés à leurs émotions. S’ils disent “Je t’aime” un jour, et RIEN le lendemain. S’ils soufflent le chaud et le froid. S’ils contrôlent notre relation. J’attends de l’amour de la part d’êtres qui sont structurellement incapables d’aimer. Personne ne leur a appris. Au contraire, il faut qu’ils se montrent détachés, insensibles et virils pour être de “vrais” hommes. La situation est désespérée.
Le problème n’est pas de baiser le premier soir, ni même de dire “Je t’aime” à saon partenaire quand on le pense. Partager de l’amour n’est pas condamnable. C’est plutôt agréable. Quand je dis “Je t’aime”, je n’attends pas de retour. Je suis dans le don d’amour, et c’est très sympathique. Le problème, c’est de baiser N’IMPORTE QUI. De dire “Je t’aime” à N’IMPORTE QUI. Et par n’importe qui, je veux évidemment parler des mecs cis hétéros. Peut-être que si je relationnais avec – au hasard – des meufs, la situation serait différente. Je m’attacherais moins vite (car je n’aurais pas de trauma passés liés à des relations lesbiennes). Peut-être que je ne serais pas dépendante affective. Mais je n’en sais rien. Des meufs m’ont écrit sur Instagram pour me dire qu’elles ont relationné avec d’autres meufs, et qu’elles se sont retrouvées dans des relations toxiques quand même, avec des meufs contrôlantes, et qu’elles ont souffert aussi de dépendance affective.
J’en reviens toujours au fait que le célibat politique, c’est très cool. Et qu’écouter mon instinct me ferait le plus grand bien.
Coucher avec ce bel inconnu alors que je ne le connais pas ? Mon instinct me crie de fuir à toutes jambes. Lui dire Je t’aime alors que je ne le connais pas ? Mon instinct me dit “Hum hum, mauvaise idée.” Mais je ne suis pas reliée à mon instinct dans ces moments-là. Je fonctionne en mode pilotage automatique. Je veux le baiser. Je veux qu’il me baise. Je suis une femme objet. C’est un homme objet. Baisons ! Donne-moi ma dose de drogue tout de suite, et aussi demain, après-demain, après-après-demain.
Je suis quand même fière de moi, parce qu’un jour, je n’ai pas couché avec un mec cis le premier soir. Il ne voulait pas. On s’est embrassé·es. On a baisé “le deuxième soir”. J’étais beaucoup moins dépendante affective de lui, pour le coup. Vous voyez un lien ?
Je suis aussi fière de moi, parce que je n’ai pas dit “Je t’aime” le premier soir au mec de Cherbourg. Celui avec qui j’ai relationné cinq jours au mois de décembre 2022. Je ne lui ai dit que “le deuxième soir”. Mais en fait, tout ça m’énerve. Pourquoi c’est moi qui passe mon temps à me poser des questions à ce sujet ? À réfléchir à mes relations amoureuses et sexuelles ? À enregistrer des podcasts à ce sujet ? Ça me soule que la moitié des épisodes de Marie Sans Filtre, au moins, parlent des hommes cis hétéros. Sérieusement ? Pourquoi je passe des heures à parler d’eux à mes amies, à ma psy, à ma sœur ? Qui fait ça ? Pas eux, en tout cas. Ils ne passent pas des heures, que dis-je des jours, des semaines, des mois, à réfléchir à “baiser le premier soir” ou “dire je t’aime”. Ils ne parlent pas de leurs relations hétéros avec leurs potes ou leur famille. Ils ne consultent pas de psy, ou alors pas pour discuter de ce sujet. Ils ne font aucun travail sur eux-mêmes. Alors que c’est le patriarcat le problème. C’est leur comportement sexiste le problème. Je sais ce que vous allez me dire : “Mais moi je connais un mec cis bien ! Mais moi je suis un mec cis bien !” Figurez-vous que je ne vous crois pas. Je ne trouve AUCUN mec cis bien. Ils ne nous méritent pas. Ils ne nous arrivent pas à la cheville.
J’ai 28 ans d’observations et d’expériences derrière moi. Si vous n’êtes pas d’accord, ne m’écrivez pas. Juste, créez votre propre podcast pour dire l’inverse. Il n’y a pas de problème.
Voilà, je clos cet épisode avec ce coup de gueule. Je vous prie de ne pas me donner de conseils après votre lecture. Ne m’envoyez pas de messages pour me dire d’entamer une thérapie. J’ai déjà deux psychologues. Et si j’ai besoin de conseils, j’en demande à mes ami·es. Merci d’avance.
Marie Albert
10 janvier 2023
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Je vais également poser le mien et tu en feras ce que tu voudras :
J’étais dépendante également et à la suite d’une rupture j’ai commencé à utiliser la ketamine pour gérer ma dépression/désespoir. Là j’ai réalisé que je pleurais le père qui ne m’avait jamais aimé. Et j’ai pleuré tout ce qui devait sortir. J’ai eu accès à ma peine et j’ai pu la vivre pour enfin m’en libérer. J’ai eu aussi une session de MDMA avec une thérapeute qui m’a bcp aidé à me donner de la compassion et de l’amour.
Et ensuite le microdosing de champignon m’a énormément aidé à créer des limites et de nouvelles habitudes. J’ai complètement changé et mon psy n’en revenait pas. Il a dû commencé à se renseigner sur les thérapies psychédéliques grâce à moi.
J’ai réalisé que parler de mes peines ne m’aidait pas du tout mais renforçait justement des mémoires.
Il me fallait le vivre dans le corps afin de pouvoir m’en libérer. Aujourd’hui, je peux me contrôler et voir venir et décider ce qui est bon pour moi. Je suis plus entraînée par des pulsions autodestructrices.
Parce que oui y a plein d’autres choses qui valent bien plus la peine dans la vie que les hommes cis hétéro déconnectés qui ne nous apporteront rien et ne changeront pas. Ne plus leur donner de l’énergie c’est se protéger et il n’y a rien de plus important que de protéger ses ressources.
Je t’envoie du love