Comment j’éradique ma dépendance affective 💪🏻

Photo tous droits réservés © Marie Albert

Ce texte est la version écrite de l’épisode 37 de mon podcast Sologamie, qui est diffusé sur toutes les plateformes d’écoute, ou à cette adresse : https://shows.acast.com/sologamie

LA RÉVÉLATION 🤩

L’épisode que vous attendez tous·tes au sujet de ma dépendance affective, cette dépendance amoureuse à l’égard de personnes que je connais à peine. Je m’en suis enfin débarrassée ! Je vous explique comment dans cet épisode.

Un stratégie en 6 étapes… qui a déjà fait ses preuves à trois reprises. Je suis la plus heureuse. Adieu les relations merdiques avec des mecs cis indignes 🚮

Pour moi, la dépendance affective, c’est une drogue. J’ai la sensation de dépendre de quelqu’un·e d’autre pour me fournir en amour et en sexe. Lorsque cette personne s’éloigne, je souffre le martyr en attendant qu’elle revienne me donner de l’attention.

J’ai commencé à ressentir de la dépendance affective en 2017. J’avais 23 ans. Je sortais de 5 ans de relations hétérosexuelles. Je me retrouvais célibataire et je cherchais à me remettre en couple, à tout prix. Je souffrais de l’absence de partenaire. Alors j’ai rencontré des mecs (je me croyais alors hétéro) dans des fêtes, dans mon entourage ou sur des applications de rencontre. Quand je parvenais à les séduire et à coucher avec eux (en général le premier soir), et si notre nuit se passait bien, je m’attachais à eux et cherchais à les revoir. Rien d’anormal, jusque-là.

Mais si le mec en face ne répondait pas à mes attentes ou mettait du temps (classique du “breadcrumbing” : ces gars qui laissent des “miettes de pain” mais guère plus), je me sentais devenir progressivement dépendante d’eux, de leur attention. Je ne pensais plus qu’à eux et à leur réponse. Je regardais mon téléphone toutes les deux minutes pour vérifier s’ils avaient vu ou répondu à mon dernier message. Je me remémorais notre nuit ensemble, je rêvais de nos retrouvailles. Je me sentais très angoissée. J’attendais ma prochaine prise de drogue avec impatience.

Je parle des mecs au pluriel mais je ne me sens dépendante affective que d’un mec à la fois. Depuis 2017, cette dépendance affective a pris des proportions délirantes. Une fois, j’ai suivi un mec à son travail (sans qu’il le sache) parce qu’il m’avait mis un lapin. Je voulais m’expliquer avec lui (et lui “voler” un peu d’attention). Quand je suis arrivée devant la boutique où il travaillait, j’ai ressenti de la honte et je suis rentrée chez moi.

Une autre fois, j’ai passé des SEMAINES à déprimer, angoisser et penser à un mec qui avait promis de m’envoyer une lettre mais ne le faisait pas. Je me revois chez ma grand-mère, dans sa baignoire, à prendre un bain (normalement l’une de mes activités favorites sur cette terre) et à me sentir la pire MERDE au monde. Je ressentais beaucoup d’angoisse, de colère et de tristesse. Parfois, j’avais envie de mourir, pour ne plus souffrir. Un autre jour, j’ai pleuré en mangeant tellement je souffrais de l’absence de réponse d’un autre mec, que j’avais rencontré deux jours avant. Souvent, ma faim disparaît si je me sens dépendante affective, car mon attention n’est dirigée que vers ce mec. J’ai du mal à me nourrir (alors qu’en temps normal, j’adore cuisiner et manger). 

Bref, cette dépendance affective met ma vie en danger, puisque j’ai parfois des pensées suicidaires. Je souffre énormément, parfois pendant plusieurs mois, après avoir rencontré un mec quelconque qui m’a dit un truc gentil en me léchant trois secondes le téton. Je précise que je me sens dépendante de gars vraiment différents. Ils peuvent être moches, stupides, prétentieux, sympas, etc. Il n’y aucun critère. Mais plus ils me traitent mal, plus ils soufflent le chaud et le froid, plus ils me donnent des miettes de pain, plus je me sens dépendante. Je pense que la dépendance affective est liée à l’hétérosexualité, ce régime politique que je m’acharne à déconstruire dans ce podcast, comme beaucoup de féministes. Mais je pourrais ressentir de la dépendance affective à l’égard de meufs ou de personnes trans, car les relations queer n’échappent pas à l’emprise de l’hétérosexualité (ce même régime politique), du patriarcat, des violences conjugales.

Bien sûr, dans un premier temps, j’ai décidé d’arrêter les relations avec les hommes cisgenres (qui s’identifient au genre qui leur a été attribué à la naissance) pour me protéger et sortir de cette dépendance affective. J’ai arrêté d’utiliser les applications de rencontre. J’ai essayé de pécho des meufs (échec à ce jour). La stratégie de l’abstinence, de la sologamie, du célibat politique est très utile pour me sauver la vie et la santé mentale. 

Mais sur le long terme, je retombais toujours dans les bras d’un nouveau gars. Parfois après un an et demi d’abstinence (certains mecs m’ont tellement traumatisée que je n’ai pas baisé pendant UN AN ET DEMI), ce qui est relativement long pour moi, mais je retombais. Tout simplement parce que je cumule plusieurs “points faibles”. En plus de la dépendance affective, je tiens à citer l’hétérosexualité compulsive. Charmante expression, déjà étudiée par les féministes, qui désigne dans mon cas ma propension à tomber dans les bras / à pécho le premier mec cis qui me regarde et s’intéresse un peu à moi en soirée. Ajoutons à cela un ou deux verres d’alcool et le tour est joué. Je veux l’embrasser et le ramener chez moi. Là encore, si j’arrive à le séduire et à coucher avec lui, et si la relation sexuelle se passe bien, je suis foutue. Il va repartir chez lui et je vais tomber dans la dép’ : la dépendance affective.

N’ayant pas encore trouvé de solution pour mon hétérosexualité compulsive (pourtant, je ne suis pas hétéro mais pansexuelle), j’ai décidé de trouver une solution à ma dépendance affective. Une solution non pas radicale mais graduelle : progressive. Si j’estime que l’hétérosexualité, le patriarcat, les mecs cis ont une large responsabilité dans cette dépendance affective (coucou les Disney, les princesses qui attendent leur prince pendant 150 ans et toutes les comédies romantiques de Noël), je crois que j’ai une marge de maneuvre. Non pas une responsabilité dans cette galère, mais une capacité à m’adapter et à sortir, progressivement, de la dépendance affective.

Ma stratégie de sortie de la dépendance affective

Directement inspirée de ma stratégie de sortie des douleurs chroniques. À ce sujet, écoutez l’épisode “Comment j’éradique mes douleurs sexuelles” que j’ai rediffusé la semaine dernière dans Sologamie. L’application Pathways, spécialisée dans les douleurs chroniques, a tout changé pour moi à l’été 2022. Après avoir soigné ma vestibulodynie grâce à cette application, je l’ai appliquée à d’autres douleurs chroniques (tendinites au tendon d’Achille) puis à la dépendance affective. Après tout, il s’agit d’une douleur chronique également, plus mentale que physique.

Les étapes que j’ai suivies : 

  1.  Reconnaître la dépendance affective, les sensations désagréables et les pensées négatives qui l’accompagnent : “J’ai peur”, “J’angoisse”, “Je me sens mal”, “Est-ce qu’il va me répondre ?”, “Est-ce qu’il va venir au date ?”
  2. Accueillir la dépendance affective, les sensations désagréables et les pensées négatives sont les juger et paniquer outre mesure : “OK, j’ai l’habitude, je connais déjà ces pensées et ces sensations. Non, je ne vais pas en mourir.”
  3. Me rassurer par des pensées positives : “Je suis en sécurité”, “Tout va bien”, “Je n’ai pas besoin de l’amour de ce gars”, “Je ne le connais pas”, “Je me suffis à moi-même”
  4. Me répéter ces pensées positives jusqu’à ce qu’elles remplacent les pensées négatives et jusqu’à ce que mes crises d’angoisse cessent. Attention : ça peut prendre beaucoup de temps.
  5. Me questionner sur ma relation en cours : “Est-ce que j’ai vraiment envie de voir ce mec ? Est-ce qu’il me plaît vraiment ? Qu’est-ce que je lui trouve ? Qu’est-ce qu’il m’apporte ?” Breaking news : à ce moment-là, le voile de la dépendance affective s’ouvre et je me rends souvent compte que le mec en question ne me plaît même pas, physiquement ou mentalement (ou les deux) et que je n’ai même pas envie de le voir / de relationner avec lui.
  6. Me libérer de cette relation (si j’ai envie) : je largue le mec par SMS, avec toute la bienveillance du monde, sans le bloquer, on reste en bons termes si possible. Ou alors j’arrête simplement de lui parler et de le voir, sans qu’une “rupture” ne soit actée. Ça se fait naturellement.

Attention : cet épisode de podcast n’est pas un cours de développement personnel et je ne propose en aucun cas que vous appliquiez ce protocole à votre cas personnel. Il s’agit simplement de mon expérience et tant mieux si elle fait écho à la vôtre ou vous donne des idées (ou non). 

Bon à savoir : ce déclic est arrivé 5 ans après avoir commencé une psychothérapie, lu des dizaines de livres/articles/podcasts sur le sujet, échangé des CENTAINES d’heures avec mes amies et réfléchi des MILLIERS d’heures dans ma tête.

Maintenant, appliquons ce protocole. Pour être transparente, je l’ai déjà appliqué trois fois en cette année 2023. La première fois, au mois de juin, la deuxième fois, au mois de juillet, la troisième fois, au mois d’octobre. Ce protocole est donc validé, mais on verra en 2024 s’il tient encore la route. Pour l’instant, je me sens bien, en sécurité. Je ne relationne avec personne en ce moment et tout baigne.

Je vais vous raconter ces trois applications/histoires tout de suite. Je n’ai pas écrit cette partie donc si vous souhaitez l’entendre, écoutez le podcast : https://shows.acast.com/sologamie 

Voilà, je clos cet épisode avec ces histoires positives. Je me souhaite que la dépendance affective sorte de ma vie ou que j’arrive à la gérer le mieux possible dans les mois/années à venir. Je crois en moi. J’en ai beaucoup souffert pendant 6 ans. Encore une fois, cette souffrance n’est pas à prendre à la légère. C’est un problème politique, une question de santé publique. Si vous souffrez de dépendance affective, je vous souhaite d’être accompagné·e, de ne pas vous isoler et de trouver votre voie pour en sortir.

Nous n’avons pas besoin de la validation d’autrui. Nous n’avons pas besoin de lui sucer le sang. Nous méritons de plus belles relations basées sur un amour et un respect réciproques. Nous méritons aussi de ne vivre aucune relation amoureuse, si ça nous chante et que c’est OK. On n’a besoin de personne !

Merci beaucoup pour votre lecture. Si vous avez aimé cet épisode, je vous invite aussi à le partager avec vos proches ou sur les réseaux sociaux. 

À la semaine prochaine pour un nouvel épisode de Sologamie.

Marie Albert

19 décembre 2023

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Marie Albert

Aventurière, journaliste et autrice féministe

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